Kachgar : province autonome du Xinjiang en chine  1994

Un long périple en pays Ouighours va mener mes pas de Turpan à Kachgar via Urumchi. De nombreuses péripéties vont émailler cette traversée du désert en terre inconnue. Départ de Turpan aux variations de climat extrêmes, baignade à midi et boules de neiges à 19 heures. Témoin de scènes d’une rare violence dans le car entre le contrôleur et des passagers mauvais payeurs; dans un bar à coup de hachoir; dans un dortoir à Urumchi entre Afghans venus faire des affaires mais qui me proposent gentiment de me payer une prostituée. Il me faudra patienter trois fois en l’attente des réparations de mon autocar et au final bénéficier de l’aide d’un forgeron. Constater dans plusieurs petits restaurants de cette zone désertique la violence des relations ethniques entre les Ouighours,  peuple turcophone et musulman sunnite, majoritaires dans la région et les Hans, ethnie majoritaire en chine. Je suis en effet systématiquement servi après les Ouighours mais avant les militaires Hans au grand dam de ceux-ci. Frontière Sino PakistanaiseMais surtout j’ai la chance de me lier d’amitié avec trois Pakistanais, deux commerçants venus acheter des marchandises et un capitaine. Le capitaine voulait changer de vie, écœuré par les horreurs de son présent militaire, en particulier par la torture. J’arrive enfin, en leur compagnie à Kachgar, ville mythique et point de jonction entre les pistes nord et sud de la route de la soie, située aux confins des frontières du Kirghizistan, du Tadjikistan, de l’Afghanistan et du Pakistan. Je passe 5 jours à les aider à faire leurs achats, nous vivons dans le même hôtel et partageons nos repas. Entre temps je rencontre un journaliste anglais qui prépare clandestinement des articles pour son journal et me demande la plus grande discrétion sur sa mission. Viens le jour de mon départ et des adieux. Je monte d’abord à l’étage où, après moult congratulations avec mes deux importateurs, je constate l’absence de mon officier. Parti à sa recherche je descends le grand escalier de style purement colonial, par chance celui-ci m’attend sur la première marche. Après des adieux émouvants, il me gratifie soudain d’un salut réglementaire avant de me faire l’accolade. J’aperçois à ce moment là mon journaliste  assis en contrebas sur un divan, visiblement interloqué par la situation. Il doit encore se poser des questions sur cet étrange touriste en plein milieu du Xinjiang.

Mis à jour (Samedi, 23 Avril 2016 07:49)